• ce matin en me levant ,le ciel etait gris ,gris comme ma vie qui s'etire tranquille sans heurts

    sans bruits , sans colere ,juste comme l'eau s'en va à la riviere sans espoir de retour ,

    mes années sont derieres  moi ,je les ai pas vus passer ,je me suis pas inquieter ,

    mais là ce matin ,dans le petit jour froid et gris ,il me vient la nostalgie ,

    des matins lumineux avec des tartines de confitures ,des rayons de soleil ou danse la pousiere

    du crissement des grillons , de l'odeur de l'herbe coupée ,

    ma vie à filée si vite si loin ,je peut plus la rattrappée ,

    aller !! c'est le matin .......

     

     


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  • La brume s'effilochait par bandes sur la lande,une petite pluie fine tombait depuis deux jours et le petit chemin qui serpentait entre les genets et la bruyère était tout boueux .
    Une petite forme noire avançait en se penchant en avant pour résister aux assauts du vent de novembre .C'était Kate , la petite gardeuse d'oies de la ferme des grosses pierres .Du haut de ses six ans ,elle allait vaillante malgré le froid qui la transperçait ,il faut dire que le vieux châle qui couvrait ses maigres épaules était déjà mouillé et sa pauvre jupe de laine noire couvrait à peine ses petits mollets ,ses bas étaient troués et on voyait la peau de ses jambes toute bleuie par le froid .
    De temps en temps ,elle s'arrêtait pour taper ses sabots contre une pierre et elle repartait d'un pied plus léger .Sa natte blonde qui dépassait de sous son bonnet dansait sur son dos au rythme de sa course .
    Le soir tombait vite en novembre et le brouillard montait lentement ,déjà on ne voyait plus le toit de la ferme .
    Kate courrait maintenant ,elle avait peur ,il lui venait dans la tête les histoires de Finnian le valet de ferme qui parlait des âmes des marins morts qui revenaient la nuit sur la lande et qui vous entraînait dans la mer ,sans compter les sorcières et autre loups- garou .
    De temps en temps elle s'arrêtait le coeur battant et jetait un coup d'oeil derrière elle ,mais elle repartait aussitôt ,pas question de ralentir,il faisait presque noir .
    Au loin des boqueteaux de saules faisaient comme des têtes monstrueuses et le brouillard noyait le petit sentier .
    Kate accéléra encore son pas ,mais depuis la maigre soupe du matin elle n'avait rien mangé,ses jambes devenaient aussi lourdes que la boue qui collait à ses sabots .Heureusement , le sentier commençait à descendre vers la mer ;elle entendait le bruit du ressac sur les rochers .Il faisait presque nuit ,elle arriva au vieux calvaire du rocher noir .Elle se laissa tomber , haletante , sur la première marche .Elle fit rapidement une prière pour que les âmes des marins ne l'attrapent pas ,elle retint un sanglot et se remit en route ....

    Cela faisait bientôt deux ans que Kate était placée à la ferme des grosses pierres
    Sa famille habitait au hameau de Glennfisch derrière les monts brûlés ,les quelques maisons étaient les unes plus pauvres et délabrées que les autres .Son père Harald Oneill travaillait au port de Bedouet ,il déchargeait les bateaux et reparaît les filets .
    Sa mère aidait dans les rares fermes des alentour ,la terre était pauvre et caillouteuse et ne rendait pas la peine qu'on prenait pour la travailler .La mère au lieu de rentrer le soir ,restait à l'estaminet à boire des pintes avec les hommes .
    Combien de fois était elle rentrée ivre ,en compagnie d'un roulier ? Quand le père arrivait ,il trouvait sa femme entrain de boire encore et de rire dans sa propre maison ;alors il jetait le roulier à la porte et il s'ensuivait des scènes de ménage terribles car la mère se déchaînait ,elle insultait ,et cassait le peu de vaisselle de la maison ,Kate se cachait dans le cellier à bois et se faisait toute petit ,le plus souvent ,le père repartait et ne rentrait que tard dans la nuit .
    quand la colère de sa mère était tombée ,Kate se glissait dans la maison et allait se coucher sans manger ,sa mère cuvait sa bière et dormait en travers de la table .
    Quand kate allait vers ses quatre ans ,sa mère eue un autre enfant ,un petit garçon ,mais qui ne vécut que deux mois .Le père et Kate en eurent beaucoup de chagrin ,mais la mère ivre d'alcool et de méchancetés ,lui dit :..sèche tes larmes !Harald Oneill !ce n'est p't être même pas le tien !Grand benêt !!et elle se mit à rire .
    Le père se jour là ,la frappa ,et le soir même il mit ses quelques affaires dans sa besace ,embrassa Kate et dit à la mère sur le pas de la porte :..tu vois ..c'est elle que je vais regretter le plus !Adieu !..et il partit sur le chemin suivit de Kate qui criait :..papa !ne me laisse pas !papa reste! Mais son père ne s'arrêta pas et ne regarda pas en arrière .Elle se laissa tomber sur le chemin et sanglota en criant ,papa papa!
    Mais la mère arriva et la frappa tellement qu'elle ne put marcher pendant deux jours ......

    Cela faisait bientôt deux ans que Kate était placée à la ferme des grosses pierres
    Sa famille habitait au hameau de Glennfisch derrière les monts brûlés ,les quelques maisons étaient les unes plus pauvres et délabrées que les autres .Son père Harald Oneill travaillait au port de Bedouet ,il déchargeait les bateaux et reparaît les filets .
    Sa mère aidait dans les rares fermes des alentour ,la terre était pauvre et caillouteuse et ne rendait pas la peine qu'on prenait pour la travailler .La mère au lieu de rentrer le soir ,restait à l'estaminet à boire des pintes avec les hommes .
    Combien de fois était elle rentrée ivre ,en compagnie d'un roulier ? Quand le père arrivait ,il trouvait sa femme entrain de boire encore et de rire dans sa propre maison ;alors il jetait le roulier à la porte et il s'ensuivait des scènes de ménage terribles car la mère se déchaînait ,elle insultait ,et cassait le peu de vaisselle de la maison ,Kate se cachait dans le cellier à bois et se faisait toute petit ,le plus souvent ,le père repartait et ne rentrait que tard dans la nuit .
    quand la colère de sa mère était tombée ,Kate se glissait dans la maison et allait se coucher sans manger ,sa mère cuvait sa bière et dormait en travers de la table .
    Quand kate allait vers ses quatre ans ,sa mère eue un autre enfant ,un petit garçon ,mais qui ne vécut que deux mois .Le père et Kate en eurent beaucoup de chagrin ,mais la mère ivre d'alcool et de méchancetés ,lui dit :..sèche tes larmes !Harald Oneill !ce n'est p't être même pas le tien !Grand benêt !!et elle se mit à rire .
    Le père se jour là ,la frappa ,et le soir même il mit ses quelques affaires dans sa besace ,embrassa Kate et dit à la mère sur le pas de la porte :..tu vois ..c'est elle que je vais regretter le plus !Adieu !..et il partit sur le chemin suivit de Kate qui criait :..papa !ne me laisse pas !papa reste! Mais son père ne s'arrêta pas et ne regarda pas en arrière .Elle se laissa tomber sur le chemin et sanglota en criant ,papa papa!
    Mais la mère arriva et la frappa tellement qu'elle ne put marcher pendant deux jours ......

    On approchait de la foire , il y avait plus de monde qui circulait,Kate regardait de tous les côtés .La foire était animée
    De partout fusait les cris des marchands ,le caquetage des volailles enfermées dans des paniers ,le couinement des petits cochons roses dans de petits enclos ,Kate n'avait pas assez de ses yeux pour tout voir mais sa mère ne lui laissa pas le temps ,à peine descendues de la carriole du marchand ,elle la poussa en avant et l'entraîna à l'écart sur une petite place .
    Il y avait déjà pas mal de monde qui attendait debout avec des baluchons au dos ou des paniers à leurs pieds ...
    des filles de fermes aux joues rouge ,des servantes avec leurs coiffes blanche ,des lavandières ,des commis ,des palefreniers,des ouvriers et plusieurs enfants plus âgés que Kate
    Tout le monde regarda Kate et sa mère et une des filles de ferme lui dit :...elle est pas un peu jeunette cette p'tite ?et pas bien forte !tu va pas la louer quand même ?!
    Ma la mère cloua le bec à la fille en lui disant de s'occuper de ses affaires .
    Elle installa Kate entre deux commis et lui dit :.tu ne bouge pas de là !et si on te demande ton âge tu a cinq ans !et pour bien marquer ses paroles ,elle pinça Kate au bras et lui repeta :..tu a cinq ans bientôt six !et ne t'avise pas de bouger avant mon retour !
    Kate ravala un sanglot et regarda sa mère s'éloigner ,elle la vit entrer
    à la taverne avec un groupe de marchands .
    Mais bientôt tout le monde se redressa ,les fermiers arrivaient pour embaucher le personnel .
    Une à une les affaires se faisait et chacun prenait son bagage pour suivre le "patron".
    Bientôt ,il ne resta plus qu'un vieux laboureur dont personne ne voulait et Kate .
    La mère de Kate arriva très éméché et en colère ,elle houspilla Kate et lui dit de se redresser .Mais voilà qu'arrive une fermière et sa fille ,un peu plus grande que Kate ,grasse et rousse ;elle mangeait des pralines à pleines poignées .
    Kate ne l'enviait pas ,elle ne savait pas ce que c'était des pralines mais l'odeur lui plaisait ,de plus elle avait très faim .
    La fermière , une grande femme maigre et tout autant rousse que sa fille , regarda Kate et dit à sa mère :...je cherche une gardeuse d'oies ,mais celle là me parait bien petite et maigre !
    Mais non ! mais non !dit la mère ,elle a eu cinq ans ,elle est forte vous savez ,c'est sur ,elle mange pas beaucoup ,mais c'est tout bénéfice pour celui qui l'engage ,ça l'empêche pas de travailler .
    La fermière regarda Kate ,hésita ,mais il n'y avait plus personne d'autre à embaucher :....combien en voulez vous ? La mère emmena la fermière à l'écart et Kate vit celle ci discuter ,la mère fit oui de la tête et toutes les deux revinrent vers Kate qui n'avait pas bougé .
    La mère dit à la petite fille :..Tu va aller avec madame Abigael Molligan ,tu feras tout ce qu'elle te diras ,tu va travailler pour elle ,et l'année prochaine je serais là pour te reprendre va! et elle la poussa vers la fermière ;
    Kate se mit à pleurer :..arrête tes jérémiades !et la mère la gifla et se tourna vers la fermière :...donnez moi son année maintenant ,j'ai à faire !la fermière sorti de l'argent de sa bourse et compta quelque pièces dans la main de la mère de Kate .Satisfaite ,celle ci parti sans un regard ou une parole pour l'enfant .La fermière haussa les épaules ,prit le baluchon de Kate et lui dit :..allez ! viens !
    Kate suivit la fermière et sa fille .on l'installa dans une cariole ou de nombreux sacs et des caisses avec de la volaille se trouvait déjà ,elle reçut une pomme et une tranche pain et du attendre là ......

    .......Pendant ce temps ,à la ferme des Grosses Pierres Abigael Molligan,la fermière ne décolérait pas .
    Cela faisait dème plus de deux heures
    que Kate était partie pour aller chez Aengus le tavernier du port .
    Il faisait maintenant nuit noire et Kate n'était toujours pas de retour .Elle n'était pas inquiète pour L'enfant mais en colère que la petite fille n'était pas encore de retour avec de l'alcool de genévrier pour frictionner sa fille Maureen qui toussait .
    Quand la fermière avait ordonné à kate de lui apportez le cruchon d'eau de vie ,la petite fille glissa en sortant du garde manger et lâcha le cruchon qui éclata en morceaux sur le sol .Outre la grêle de coups ,la fermière l'envoya alors à la taverne .Personne n'osa protester ,ni Eirein la servante ni même Ronan le palefrenier qui pourtant avait prit Kate en pitié .Abigael était une femme très dure et autoritaire ;elle tenait le personnel de la ferme d'une main de fer et le jeune age de Kate ne comptait pas à ses yeux .La seule personne à qui elle ne refusait rien était sa fille Maureen, elle avait huit ans était grasse et méchante .
    Depuis le premier jour ou Kate était arrivée à la ferme ,Maureen avait ouvert les hostilités en la poussant du haut de la carriole .Kate s'était étalée dans flaque de boue sous les rires de Maureen Tout de suite madame Abigael gifla la pauvre Kate en la traitant d'idiote .
    Heureusement Eirein la servante qui devait aider à décharger la carriole la releva et la nettoya tant bien que mal .
    La chambre de Kate était au dessus de L'écurie ,on y mettait les pommes et les noix en hiver .
    Elle avait un matelas par terre et au dessus ,clouée au mur ,une image pieuse qui faisait peur à Kate ,c'était une vierge qui montrait son coeur qui saigne .Une vieille caisse renversée avec la chandelle dessus ,une petite lucarne fermée par une botte de paille en hiver ,laissait entrer le jour .Deux grands clous servait à accrocher ses vêtements et c'était tout .
    Son travail ,c'était de se lever des que le garçon bouvier sifflait ,c'est à dire à six heure été comme hiver ,de rentrer du petits bois pour le feu ,enlever les cendres de la cheminée et préparer la table pour la soupe du matin ;les écuelles en terre étaient lourdes pour elle ,mais kate ne se plaignait pas .
    Tout le personnel arrivait à six heures trente et le patron s'asseyait et ouvrait son couteau ,la servante et la patronne distribuait le pain et le fromage et le lard ;mais tout le monde mangeait la soupe en silence .
    Kate mangeait la sienne accroupie près de la cheminée sur un petit banc ,et puis le patron distribuait le travail pour la journée et les langues se déliaient .Quand le patron avait fini de manger ,il fermait son couteau et c'était le signal pour les gens de la ferme de se lever et d'aller au travail .

    il ne restait plus à Kate que d'enlever les écuelles ,de les donner à Eirein .Quand tout était en ordre ,elle devait donner du grain à la volaille et sortir le troupeau d'oies dans le pré;il y en avait bien soixante aussi haute qu'elle ,Kate en avait peur surtout du jars qui fonçait vers elle en sifflant ,mais madame Abigael ne voulait rien savoir et Kate avec sa badine emmenait le troupeau dans les prés .
    Elle avait un petit sac en toile accroché à son épaule qui contenait son déjeuner ,un morceau de pain et un bout de fromage ,une pomme ,parfois une pomme de terre cuite et un peu de saucisson .
    Quand les oies étaient dans les prés ,Kate pouvait s'assoir et rêver dans l'herbe haute mais gare aux aventurières qui partait trop loin ! Alors elle devait courir ,elle ne les comptait pas ,elle ne savait pas ,mais les oies perdues criait de toute leur force et Kate les retrouvait toujours .
    Au fil des jours ,Kate se familiarisa avec les oies ,elle leurs cherchait des limaçons et autre bestioles ,les oies en raffolaient ,elles suivaient la petite fille en rang serré.
    Le soir vers seize heure il fallait ramener tout ce beau monde ,de jour en jour ,elles obéissaient à Kate et on voyait revenir la petite fille pas plus grande que les oies au milieu des volailles qui se dandinait

    Une fois les oies enfermées dans leur enclos ,Kate devait aider à apporter les seaux pour la traite des vaches et ensuite mettre la table pour le souper
    Tout le monde arrivait à six heures en hiver et à sept heures en été .
    Après le souper ,les yeux de Kate se fermaient tout seuls au dessus de son écuelle ,alors très souvent Eirein l'envoyait se couché et finissait le rangement de la salle toute seule .
    Maureen ,elle, allait à l'école du village.
    Ronan le palefrenier ,devait atteler le buggy et l'y emmener .
    Elle revenait vers seize heures en même temps que Kate revenait des champs avec ses oies .
    Maureen se campait devant Kate avec ses deux grosses tartines de confitures et mastiquait bruyament.De temps en temps ,elle lui donnait la croûte qu'elle ne voulait pas ,Kate devait lui dire"merci Mademoiselle Maureen ",mais Kate avait si faim qu'elle acceptait tout .
    Madame Abigael était très avare et elle nourrissait la pauvre Kate de bien peu de choses ,Eirein lui donnait de temps en temps ,en cachette ,une tartine avec une couche de crème ,et pour Kate c'était un régal !
    Le jeu préféré de Maureen c'était de courir après la petite fille avec un bâton et de la frappé "pour de rire " disait elle à Eirein qui s'inquiétait des cris de la petite ,mais le plus souvent Kate avait des stries rouges et bleues sur les bras et les jambes .Parfois aussi ,elle lui jetait à la figure ou sur la tête , des grosses araignées et la peur panique de Kate la faisait se tordre de rire , mais le pire c'est quand elle jouait "à la gentille " et disait à kate :..viens voir la jolie grenouille dans l'abreuvoir des chevaux !et quand kate se penchait pour voir ,elle lui enfonçait la tête dans l'eau Mais à la longue Kate arrivait à éviter Maureen .Elle filait au jardin et aidait Eirein à cueillir des haricots ou autre chose .
    Les jours et les mois passaient ,longs ,tristes et monotones pour Kate .
    L'hiver surtout fut dur pour la petite fille ,elle avait froid dans son grenier ,Ronan lui monta un peu plus de paille pour fermer sa lucarne mais le froid transperçait tout .
    Elle n'avait qu'une couverture toute râpée .Elle dormait avec ses vêtements mais malgré cela elle était glaçee .
    Eirein la prit en pitié de la voir arrivée le matin toute frigorifiée et elle lui donna un vieil édredon qui sentait le pipi de chat et qui ne servait plus .....

    Alors la petite fille se sentit un peu mieux mais ses bas étaient troués depuis longtemps ,sa robe partait en lambeaux et son gilet était aussi troué qu'un gruyère .Abigael lui donna une vieille robe de laine et des bas de Maureen ,mais ils étaient beaucoup trop grands pour elle ;elle serra la robe de laine avec une ficelle et roula les bas .Elle ressemblait à un petit épouvantail et Maureen la taquina de plus belle .
    Puis ce fut Noêl .La ferme était comme une ruche ,de bonnes odeurs se répandirent partout et Maureen n'arrêtait pas de rentrer et de sortir de la cuisine sous le regard attendri de sa mère :c'était des gâteaux ,du cake ,des poignées de noix elle passait son temps à manger .Deux jours avant Noël ,la fermière dit à Kate :Il y aura de la famille qui arrivera demain et tu viendra aider Eirein comme d'habitude ,mais dès que tu a fini tu va dans ta chambre ,je ne veux pas de toi dans la maison ,tu ferais peur à mes petites nièces !
    Quel triste Noël pour Kate !Toute la famille était rassemblé et mangeait les bonnes choses que Kate et Eirein servait .Maureen trônait avec ses cadeaux et s'empiffrait encore plus que d'habitude et personne ne prenait garde à Kate .Dans la cuisine ,le dernier plat servi ,Eirein dit au revoir à Kate et lui glissa un petit sac de tissu dans la main et lui dit :joyeux Noël petite Kate ,je vais trois jours dans ma famille ,j'ai de la peine pour toi car l'Abigael ne sera pas commode ,dame !elle à du ouvrir son bas de laine pour nourrir sa famille !surtout profite de finir les restes avant qu'elle ne vienne dans la cuisine !et Eirein se sauva ,Ronan l'attendait ,il partait lui aussi .
    Kate dut faire le travail d'Eirein ,laver toute la vaisselle ,les plats ,les carreaux du sol sans compter son travail habituel ,la fermière ne lui épargna rien!
    Le soir ,quand elle pu enfin s'écrouler de fatigue sur sa paillasse ,elle ouvrit le petit sachet en toile que lui avait donné Eirein ;il contenait des petits coeurs en pains d'épices .
    Kate les mangea immédiatement ,elle n'avait pas pu finir les restes ,la fermière était sorti de table trop vite et à tout enfermé dans le garde manger .Qu'importe ! Kate s'etait remplie l'estomac de l'assiette de Maureen qui n'en pouvait plus !Pour une fois la gloutonnerie avait fait une heureuse !
    Et puis vint le printemps et Kate reprit ses sorties avec les oies sur la lande et les prés .
    Elle avait grandie pendant l'hiver mais pas grossie et ses vêtements lui donnait chaud ,mais il n'y avait rien d'autre pour elle ,madame Abigael était indifférente aux manque de Kate .La petite fille aimait ces moments de solitude avec les oies ,couchée au milieu de la bruyère ou des hautes herbes ,elle rêvait en regardant les nuages ,elle parlait à voix haute et de tant en temps les oies lui répondait
    Kate parlait à son père et disait ....je suis grande maintenant papa! viens me chercher !elle le criait dans le vent et les oies prenaient peur et battait des ailes en cancanant .
    Kate ne pleurait pas souvent ,sa mère lui avait toujours interdit de le faire mais là dans la lande ,elle sanglotait de désespoir ,surtout que lorsqu'elle rentrait ,Maureen l'attendait avec des jeux toujours plus cruels !
    Et l'été arriva avec ses travaux des champs ,Kate devait courir d'un bout à l'autre pour apporter les paniers des repas et les cruches de boissons .
    Et puis un jour de juin ,madame Abigael la fit se laver dans l'abreuvoir des chevaux ....

    et Maureen lui démêla les cheveux en la faisant pleurer de douleurs mais la fermière ne prit pas attention à Kate ,elle fit un baluchon de ses quelques hardes et la fit monter dans la carriole .Ronan lui lança un clin d'oeil qui se voulait rassurant et en route pour la ville .
    En chemin ,madame Abigael lui dit :.je te ramène à ta mère ,tu as fait ton temps .Kate ne dit rien mais son petit coeur tressaillait de joie .
    le temps lui semblât long jusqu'à la foire ,mais la voilà qui se retrouvait sur la même petite place à attendre sa mère .
    Mais elle attendit en vain ,le temps passait pas de mère en vue !Madame Abigael s'impatienta et alla voir à la taverne mais personne n'avait vu la mère de Kate

    Kate avait envie de pleurer oh !ce n'est pas temps de retourner chez elle ,car sa mère avait la main leste ,mais si son père revenait ce serait à la maison .
    Madame Abigael la laissa en lui recommandant de ne pas bouger elle avait des emplettes à faire ;
    Oh ! Kate ne bougeait pas ,elle sentait son estomac se contracter ,pourvu que sa mère arrive !Le soir tirait les ombres sur la petite place ,les gens se raréfiait ,on remballait les stands ,Kate s'était assise par terre ,elle était seule sur la petite place .
    Madame Abigael arriva avec des paquets et regarda Kate d'un air ahuri :..t'est encore là toi !?et ta mère ? elle t'a oubliée !La fermière regarda autour d'elle ,personne !De guerre lasse elle dit à Kate :...en route !je peux pas te laisser ici ,l'argent que je dois à ta mère je te le garde pour l'année prochaine .Et c'est tout !
    Pas une parole de consolation !Rien !Kate suivit la fermière la tête basse ,des larmes silencieuses coulaient sur ses joues .
    Ronan attendait avec la carriole en discutant avec d'autres palefreniers ,il regarda Kate et écarquilla les yeux mais ne dit rien ,il prit les paquets les rangea et aida la fermière à monter et Kate grimpa derrière .
    Sur le chemin du retour Kate se disait :...elle viendra me chercher à la ferme ,elle a oublié ,elle à dit un an ,un an ,Kate se répéta ça jusqu'a la ferme .
    Mais les mois passèrent et pas de nouvelles .
    Madame Abigael signala l'abandon de Kate et le maire lui dit :..si vous ne voulez pas la garder ,elle ira à l'orphelinat du comté .La fermière était trop contente d'avoir de la main d'oeuvre gratuite et dit qu'elle se chargeait de la petite .
    Seulement , lui dit le maire il faut qu'elle aille à l'école ,au moins en hiver !
    Dans la vie de Kate il y eut une petite lueur d'espoir .
    Avec Maureen ,elle partait le matin après ses corvées ,
    Maureen en profitait pour la pincer mais Ronan la défendait .
    A l'école ,elle était avec les petits ,c'était la plus petite ,elle n'avait que cinq ans ,mais comme sa mère l'avait vieillie d'un an tout le monde pensait qu'elle en avait six .
    Elle avait un bout d'ardoise cassé et un petit morceau de craie ;elle apprenait les lettres et les chiffres ,elle était vive et douée ,en un rien de temps elle sut lire et compter .
    Maureen ,elle, paradait au milieu de la cour et Kate se faisait toute petite ,se cachait derrière les arbres mais invariablement Maureen la voyait et allait la tourmenter .
    Elle lui tirait la natte ,la faisait tomber et se moquait de ses vieux habits
    Madame ONeil ,la maîtresse ,la prenait en pitié et lui donnait de temps en temps un bonbon ou une pomme et surtout des feuilles de papier pour écrire ou dessiner car Madame Abigael était avare pour Kate et ne lui donnait rien .......

    et les vêtements qu'elle portait ,elle devait les enlever immédiatement à la sortie de l'école ,remettre ses toutes vieilles guenilles et se mettre au travail pendant que Maureen se reposait ,assise sur la balançoire ,en mangeant ses tartines .Ah ! non !la vie n'était pas belle pour Kate !
    Maintenant elle entamait la descente vers le port et la taverne d'Aengus .
    Il faisait presque nuit noire et le vent s'était levé ,Kate n'en pouvait plus .
    Au loin ,dans la descente , elle aperçut les lumières du port comme de petits lumignons .
    Son courage lui revint et avec lui de nouvelles forces dans ses jambes ;Elle accéléra et se mit à courir ,mais soudain ,au détour du sentier ,elle se cogna de toutes ses forces contre quelque chose ,elle tomba en arrière sur son derrière .
    Ce quelque chose ,c'était quelqu'un ,un homme ,grand et fort avec une barbe et un bonnet de laine comme en on les marins .
    ....Ho! la !Ho ! la !tu va ou là ! mon garçon ! !? a Ct heure !!
    Kate se releva et dit :
    ..milles pardons monsieur ,je suis désolée !
    -mais tu est une fille ! et une toute petite fille encore !dit l'homme qui se pencha sur Kate pour mieux la voir ,
    -parsembleu !que fait tu sur la lande ?
    il fait presque nuit !Tu n'a pas de parents ?
    Kate dit :
    -non , papa est parti sur le chemin avec son sac et puis après ,maman m'a laissé à la ferme de madame Abigael
    L'homme se gratta la tête et dit dans sa barbe :..chez cette grippe sous ! et il dit un peu plus fort
    -Mais que fait -tu seule sur la lande ? tu va ou ?
    - je dois aller chercher du genévrier ,Maureen tousse ,et j'ai cassé notre cruchon .
    -Elle pouvait pas envoyer un gars ?
    C'est une honte ! Allons vient ! je descend avec toi à la taverne . Et l'homme lui prit la main sans attendre sa réponse et Kate suivit .
    La main de Kate tremblait encore un peu mais la grosse main de l'homme lui rappela celle de son père et des larmes silencieuses se mirent à couler sur ses joues .
    Elle trébucha plusieurs fois ,alors l'homme s'arrêta et la prit sur ses épaules ,aussitôt ,son allure fut plus rapide ,la descente était raide ,mais l'homme avait le pas assuré et bientôt ,la landes et les rochers firent place aux premières maisons .
    L'homme parla à Kate mais elle était devenue toute molle :elle s'était endormie .

    arrivé à la taverne ,il déposa son fardeau sur un des banc ,Kate était si épuisée qu'elle ne se réveilla même pas .
    L'homme s'installa et commanda à manger .
    -alors ,dit le tavernier à l'homme ,te revoilà sur le départ ?
    je te l'avais bien dit qu'à la ferme des ajoncs c'était que beaucoup de travail ,pas beaucoup de salaire .Et pour les repas au moins ,ils n'étaient pas pingres ?ils t'ont payé ton du ?
    -ça va ! mon
    salaire est là dans ma poche ,il faudrait bien voir à ce que ne paye pas Enoch quand le travail a été fait !
    -Et maintenant ,te voilà de nouveau à chercher à partir aux Amériques ?et en plus avec un enfant ?
    Enoch ne répondit pas et haussa les épaules .
    Le tavernier n'insista pas et parti chercher le mouton aux haricots et le déposa devant Enoch qui se mit à manger . De temps en temps il jetai un coup d'oeil à la petite fille endormie près de lui sur le banc
    La taverne était sombre et enfumée ,quelques tables avec des bancs ou des marins buvait et fumait la pipe en jouant aux cartes .
    La servante allait et venait avec des écuelles et des pots de bière .
    Bientôt elle s'arrêta devant Enoch qui avait fini son repas et qui bourrait sa pipe .
    -Te vlà de nouveau !j'ai toujours ma chambre au dessus ,si ça te dit ,après mon service ...et elle lui fit un clin d'oeil .
    Enoch regarda La servante ,elle était encore jeune mais usée par le travail et les hommes ,mais sa poitrine était avenante et son sourire aguicheur .

    La servante se pencha au dessus du banc ou dormait Kate et dit :
    -Mais t'a une gosse !?et sa mère ? encore une à qui t'a brisé le coeur ,mais celle là ta refilé le paquet !!et elle se mit à rire .
    Enoch frappa de son poing sur la table et dit d'une voix dure :
    -Ferme là ! c'est pas tes histoires ! je reste à dormir pour la nuit ,mais pas chez toi !je veux une chambre pour moi et la petite .
    _Oh ! là !là! Te fâche pas ,moi ce que j'en dit ,...et elle tourna les talons furieuse .Elle revint quelques instants plus tard et dit :
    -ça fera cinq sols pour la nuit et deux sols pour le repas et faut que tu sois parti à six heures demain matin ,on attend le Mary -flower avec tout son équipage !
    Enoch tira l'argent de sa bourse et le jeta sur la table
    -Tiens ! paye toi !
    Il ramassa son sac ,souleva Kate le plus doucement possible pour ne pas la réveiller et monta à l'étage .Les marches craquaient sous son poids et il devait se baisser pour passer sous les vieilles poutres .
    La chambre était petite avec une fenêtre qui donnait sur le port ,mais elle était propre .
    Il déposa Kate sur le lit et lui ôta ses sabots tout boueux ;il vit ses pieds a travers les trous de ses bas , rouges de froid ,alors il la couvrit avec l'édredon et la petite soupira d'aise dans son sommeil et se pelotonna comme un petit chat .
    Enoch hocha la tête et dit :
    -encore une , qu'on ne réclame plus et qu'on laisse chez ces paysans avares et méchants .Il la regarda un instant et puis il ouvrit la fenêtre ,s'accouda pour finir sa pipe .
    Du port montait les éclats de voix des marins qui se parlait de bateau à bateau ,la marée montait et les vagues clapotaient contre les vieux flancs en bois des navires .
    Enoch ferma la fenêtre et s'allongea à côté de Kate et bientôt sa respiration lente et forte retentit dans la chambre avec celle toute légère de Kate .
    Le lendemain matin ,Enoch se réveilla à l'aube .
    Enoch était un marin avant tout mais une mauvaise blessure avec un harpon dans une campagne de pèche à la morue avait fait qu'il n'avait plus été engagé depuis plus de deux ans. Alors ,il s'était loué chez un gros fermier des Monts Brûlés, il avait fait tous les travaux de la ferme mais ce qu'il avait préféré c'était de garder les moutons car de la lande il pouvait voir la mer .
    Mais au bout de deux ans le manque de la mer lui était trop dur à supporter,alors sa jambe guérie et raffermie ,il tente de nouveau sa chance mais cette fois ci pour partir au Canada .Il veut faire sa vie ailleurs que dans son pays de landes et de cailloux .Il a un peu d'argent et espère payé la traversée en travaillant sur le bateau .
    Il regarde la toute petite fille ,elle dort en chien de fusil ,l'édredon a glissé et on devine sa maigreur sous ses vêtements usés et rapiécés .ses bas de laine troués à plusieurs endroits ,laissent voir ses jambes égratignées et couvertes de boue .Sa natte est la seule chose de vivante et de gai ,ses cheveux sont dorés comme la paille au mois de juillet ......

    Il la réveille doucement :..petite ,c'est l'heure ....
    Tout de suite Kate se redresse et dit :..oui oui j'arrive et elle saute du lit et se retrouve au milieu de la chambre ,elle se frotte les yeux et regarde autour d'elle ,elle voit Enoch assis sur l'unique chaise et aussitôt elle prend peur ;elle lève les mains pour se protéger et dit :..j'ai dormie,pardon je le ferais plus !
    Enoch ,surpris lui dit :..mais qu'est ce que tu raconte ? non! non ! ça va .Allez ! viens ici .
    Mais Kate n'ose pas s'approcher ,Enoch se lève et va vers elle ,aussitôt ,Kate se ramasse sur elle même ,rentre sa tête dans ses épaules et se baisse dans l'attente de coups qui ne viennent pas .
    Enoch pose doucement sa main sur la tête de Kate et lui dit :..
    Petite ,viens ,raconte moi maintenant d'ou tu viens et ce que tu faisait toute seule sur la lande ?
    Kate entend la douceur des paroles du marin ,elle s'enhardie ,elle lève la tête et le regarde ; les yeux bleus d'Enoch sont tellement remplis de bonté que la petite fille s'approche de lui ,Enoch lui prend la main et alors Kate commence à lui raconter le petit frère mort ,le départ du père ,son départ à elle ,son arrivée à la ferme ,la méchanceté de Maureen et de la fermière et surtout le travail ,la faim ,la peur et le froid .Et l'épisode de maman qui ne revient pas la chercher ,la fermière qui lui dit qu'elle reste là pour toujours et les brimades et les coups de Maureen encore pire qu'avant et Kate se met à sangloter .
    Enoch écoutait la petite fille et il était plus ému qu'il ne voulait paraître . La détresse de l'enfant le touchait profondément car lui aussi était parti de la maison très tôt .
    Il avait quatre frères et deux soeurs et était tellement pauvres que les jours sans repas revenaient plus souvent que les autres .
    Et le père parti pour les mines de charbon en Angleterre ,il revenait de temps en temps ,mais le plus souvent il envoyait de l'argent et puis un beau jour plus rien ! Alors un à un ,les enfants partirent chercher du travail .
    Enoch était l'avant dernier ,sa mère à beaucoup souffert en le mettant au monde ,elle ne l'aimait pas .Elle le houspillait sans arrêt ,la dernière née ,une fille était sa préféré.
    La mère d'Enoch le plaça dans une ferme quand il eut six ans ,il connu le travail harassant ,les coups ,les injures et la faim .La mère ,elle ,venait toucher son argent tout les ans et c'était tout .Alors au bout de deux ans de cette vie il se sauva ,il arriva à un port et réussi à embarqué comme mousse ,la vie de marin était dure mais Enoch était heureux ,son capitaine était juste et honnête avec lui .
    Il pensait à ça en écoutent les sanglots de Kate .
    Il se leva et la fit asseoir sur le lit .
    -Sèche tes larmes ,on va descendre manger ,tu a sûrement faim ? non ?

    Kate regarda Enoch comme si elle voyait un ange :manger ?sans avoir travaillé ? c'est possible ?
    Elle sauta du lit ,ce faisant sa jupe se retroussa sur ses cuisses maigres et Enoch vit une cicatrice en forme de demi lune sur sa cuisse .Il se pencha vers elle et releva sa jupe :..C'est quoi çà !? dit il .
    Kate regarda sa cuisse et dit:...c'est maman ,un jour elle était très en colère contre papa ,elle a cassé une bouteille et a voulu le frapper avec , mais j'étais dans les bras de papa et c'est moi qui a eut mal .
    Enoch suivit la cicatrice de son index et dit :..
    -J'ai presque la même ,mais moi c'est sur un bateau que cela m'est arrivé et c'était un harpon .
    Kate lui sourit alors pour la première fois et son visage s'illumina ;Enoch sentit son coeur fondre pour cette petite fille aux yeux aussi bleus que la mer qu'il aimait tant ;Pour cacher son émotion il dit :..viens ! on va manger !et il prit la petite fille dans ses bras ,elle était aussi légère qu'une plume .
    Dans la salle de la taverne ,il n'y avait pas encore grand monde .Le tavernier salua Enoch d'un simple hochement de tête ,il n'était pas causant de nature et ici personne ne s'occupait des affaires des autres.
    La servante leur dit :..j'apporte du lait à ta gamine ?ou de la soupe ?
    -Non du lait ! répliqua Enoch ,la soupe pour moi !
    La servante revint avec du lait chaud et mousseux dans un grand bol de terre et une galette de blé recouverte de miel ,elle posa le tout devant Kate .Celle ci n'en revenait pas ! ..va y !mange dit Enoch ,qui venait de recevoir sa soupe .Kate se mit alors à dévorer sa galette devant les yeux amusés du marin .
    Le lait surtout lui semblait trop bon ! A la ferme ,elle n'en recevait pas .Seulement du petit lait et encore ! il était réservé pour les cochons .Eirein arrivait à lui en donner de temps en temps et toujours en cachette de la fermière .
    Après le repas ,ils sortirent de la taverne .Enoch prit la main de Kate et l'emmena hors du village vers les falaises .
    Au bout d'un moment ,il s'arrêta ,s'installa sur un rocher et dit :..

    Viens par ici ,je veux te parler !
    Kate regarda Enoch et secoua la tête :...mais il faut que je rentre à la ferme ,madame Abigaël va être très très en colère contre moi ,elle va me battre avec le fouet à chevaux ,j'en suis sure ! et la petite fille se mit à pleurer à chaudes larmes .Oublié le bon repas !,maintenant la peur la prenait au ventre ,elle en tremblait .
    Enoch la prit dans ses bras .La petite fille pleurait avec des sanglots et disait :..et puis elle va m'enfermer dans la cave aux pommes de terre et Maureen va me faire manger des araignées !
    :..Calme toi ! lui dit Enoch ,écoute ,je n'aime pas ,mais alors pas du tout les gens comme cette Abigäel ,ce sont de méchantes personnes ,sans coeur ,avares ,et il profitent du pauvre monde ,tu n'iras plus chez eux !
    Kate s'arrêta de pleurer et le regarda avec de grands yeux écarquillés de surprise .
    :..Oui ,reprit le marin ,je part ce soir en Amérique ,au Canada et là bas j'ai des amis qui ont une ferme et je vais m'installer chez eux .J'aimerais t'emmener avec moi ,je n'ai plus de famille ,enfin presque plus ,et toi ,tu ne seras pas obligé de travailler ,tu seras un peu comme ma
    petite fille ,Qu'est ce que tu en pense ?
    Kate regarda Enoch ;ne plus retourner à la ferme ? ou Maureen lui faisait subir l'enfer ! et les coups et les cris de la fermière ,les injures des uns et des autres ?
    Elle dit sans aucune hésitation :..je viens avec toi !
    Tant de détermination dans cette réponse ,conforta Enoch que la petite fille avait eue son compte de brutalités et de méchancetés !
    Enoch lui caressa doucement la tête ,il sortit son mouchoir et essuya les larmes de l'enfant et dit :..c'est bien !je vais voir si le capitaine est d'accord pour t'embarquer avec moi ce soir ,on part à la marée montante .Je connais une petite grotte par ici ,tu y resteras cachée jusqu'à que je revienne te chercher ,ne bouge surtout pas ,même si on t'appelle ,moi je sifflerais comme ça et tu sauras que c'est moi .Et il imita le cri du hibou trois fois ;
    Kate sourit d'entendre le cri du hibou et Enoch lui dit :..tu a tout compris ?:....Oui ! oui ! dit la petite ,déjà impatiente de partir .Alors Enoch se leva ,lui prit la main et se mirent en route pour la falaise ;le sentier était escarpé mais à la moitié de la montée ,Enoch sorti du sentier ,il y avait une petite grotte cachée par le lierre ,Enoch fit entrer Kate dans cette cachette ,elle se blottie tout au fond ,la grotte n'était pas bien grande .Enoch enleva sa veste et la glissa sous la petite :..tu n’auras pas trop froid lui dit il et surtout ne bouge pas de là ,tu pourrais tomber de la falaise

    Kate s'installa,on ne la distinguait à peine ,Enoch fit retomber le rideau de verdure et il reparti sur le petit sentier .
    A peine arrivé au port ,il vit une carriole arrêtée devant la taverne ,mais il prit la direction de la capitainerie et disparu entre les bateaux et les rouleaux de cordages .
    Quand il revint , la carriole était toujours devant la taverne ,il entra ,il y avait du monde ,surtout des marins ,la fumée des pipes remplissait la salle de son odeur acre ;
    A peine avait il franchi le seuil de la porte ,que le tavernier lui fit signe de la tête et lui montra Ronan le palefrenier .
    Enoch s'installa à une table et commanda une pinte à la servante ;celle ci le servit et lui dit :..le Ronan ,il cherche une gamine ,enfin quand je dit qu'il cherche ,ça fait bien deux heures qu'il est là à boire pinte sur pinte !
    Enoch ne répondit pas ,il regarda le palefrenier ,celui ci était déjà bien éméché et parlait fort à un marin accoudé au bar
    -Si elle croit que je vais courir la lande la rousse ,elle se trompe ! elle n'a qu'a la chercher elle même sa gardeuse d'oies !d'ailleurs pour ce qu'elle en fait !..elle est bien mieux sur la lande !
    -Hé ! toi le marin !t'aurais pas vu une petite fille par hasard ?cria t' il vers Enoch .
    Le marin prit le temps de boire une gorgée de sa bière ,se leva ,et marcha vers le palefrenier .
    -Écoute ,mon gars ,je connais pas cette rousse dont tu parle et je ne veux pas la connaitre ,mais la fillette oui ,je l'ai ramenée ici même hier au soir .Elle errait sur la lande ,elle était perdue !

    Elle a dormi ici cette nuit et ce matin elle a mangé a sa faim pour une fois ,je l'ai mené sur le chemin là-haut sur la lande ,a cette heure ,elle est déjà rendu a la ferme .
    Mais je vais te dire une chose mon gars ,tu pourras le répéter à ta patronne ,c'est pas humain de traiter une petiote comme ça !et de l'envoyer la nuit sur la lande encore moins!!je ne te salut pas !
    Et Enoch retourna à sa table et finit tranquillement sa pinte de bière .
    -Non de non ! créé vingt dieux ! me vlà bien ! ragea le palefrenier ,qui sait si la gosse est resté sur le chemin ?,faut que j'aille la retrouver! il bu sa bière d'un trait ,jeta quelques pièces sur le bar et sortit d'un pas mal assuré .
    -Ci celui ci va retrouver quelque chose ,c'est sûrement un coin pour y cuver sa bière dit la servante en riant à Enoch ,alors c'est vrai ?t'a remis la petite sur le chemin de la lande ?
    -Oui ,répondit le marin ,je part ce soir et je n'ai pas le temps de m'embarrasser d'une enfant .
    -C'est bien dommage !allez! cette petite va souffrir ! l'Abigaël est très méchante ,elle mène son monde à la baguette ,et par dessus tout ça ,avaricieuse !elle n'en a que pour sa fille cette mijaurée de Maureen !elle est encore pire que sa mère ,tiens ! pas plus tard que la semaine dernière ,elle a coupée la natte de Nolween ,la fille de la lavandière sous prétexte que sa mère n'avait pas assez bien lavé son caraco !la lavandière s'en ait plainte à l'Abigäel et tu sais quoi ? rien !même pas une gifle à la Maureen ,et dieu sait qu'elle en mérite la petite garce !
    mais la petite gardeuse d'oies ,ça ,elle en prend ,le Ronan raconte souvent la façon dont ils la traite !
    -Ce n'est pas mes affaires dit Enoch ,j'ai fait mon devoir c'est tout ,je m'en vais ce soir je cherche mes affaires ,ma chambre est libre .

    Il se leva et monta dans la chambre ,rassembla ses quelques affaires, et sortit, son sac de marin sur le dos . Il paya le tavernier et salua la servante .
    Il marcha le long du quai ,il pensait à la petite fille cachée dans son trou de la falaise ,mais il ne pouvait pas y aller ,on ne sait jamais ,le Ronan était peut être encore dans les parages
    Il erra entre les bateaux ,l'après midi était déjà bien entamé,le quai grouillait maintenant de marins qui chargeaient les bateaux .
    Enoch vit arriver le capitaine du Mary -Flowers et il se dirigea vers lui .S'ensuivit une discussion animée ,mais en fin de compte ,le capitaine et le marin se donnèrent une poignée de mains ,ils montèrent tous les deux sur le bateau ,un voilier de quatre mats et trois cents tonneaux ,Enoch posa son sac sur le pont et redescendit à terre .Le capitaine fit un signe à son second et Enoch commença à chargé le bateau avec l'équipage .
    Quand toutes les caisses et les tonneaux furent à fond de cale ,le second siffla ,c'était le signal ! et tous les marins descendirent à terre ,la plupart se dirigèrent vers la taverne .Ils allait partir pour de longues semaines .
    Enoch ,quand à lui , regarda le soleil se coucher ,la mer s'embrasa de milles feux ,la nuit tombait doucement ,un vent froid se mit à souffler de la mer ,la marée montait et les vagues se brisaient de plus en plus fort sur le flanc des navires .
    Enoch attendait impatiemment sur le quai ,l'allumeur de réverbères allumait une à une les lanternes du port ,bientôt il fera entièrement nuit .
    Alors Enoch se mit en route pour la falaise .Il grimpa le sentier plus vite que le matin ,le voici devant la grotte ,il siffla trois fois le cri du hibou et écarta le rideau de lierre :Kate était là ,debout ,ses petits yeux interrogateurs s'illuminèrent quand elle vit Enoch :....

    Ah ! je suis contente ,je croyais que tu m'avais oublié ,dit Kate d'une petite voix chevrotante .
    -Mais petite ,tu a pleuré ?
    -oui ,un peu ,parce qu'il commence à faire nuit et puis ..je croyais ...que tu ne viendrais plus .
    Enoch lui sourit et dit :..tu sais ,je n'ai qu'une parole et ce que je dit je m'y tient, allons vient !
    Enoch ramassa sa veste et prit la petite fille sur ses épaules et descendit le sentier en faisant doucement pour ne pas tomber ,il faisait pratiquement nuit .
    Sur les épaules du marin ,Kate voyait les lumières du port ,cela faisait comme des étoiles dans la nuit et le brouillard qui montait de la mer enveloppait tout comme du coton .
    A l'entrée du village ,Enoch posa Kate à terre et lui dit :...écoute ,le bateau part dans une demi heure ,nous allons au port par derrière ,on remontera le cimetière à bateaux ,et puis il restera juste une ruelle pour arrivé là bas .d'accord ?
    Kate fit oui de la tête ,mais elle ajouta ensuite d'une toute petite voix :...j'ai faim monsieur ..
    Enoch la regarda tout surpris et dit :..Mais oui ! c'est vrai ! tu n'as rien mangé ,tiens ! et il tira un biscuit de mer de sa poche . J'ai voulu te le donner ce matin pour le temps ou tu te cachait,mais tu vois je n'ai pas l'habitude des enfants et j'ai oublié .
    Mais Kate mordait de toute la force de ses petites dents dans le biscuit dur ,peu lui importait ,elle mangeait !
    Elle suivit le marin collée à sa jambe ,de loin , on ne voyait qu' une seule silhouette ,passé le cimetière à bateaux le marin s'arrêta dans la ruelle et lui dit :...
    -Attends moi ici ,derrière cette carriole de tonneaux ,ne bouge pas ,il fait nuit ,personne ne te verra .je reviens ,j'ai une idée .
    Kate ,habituée à obéir ,s'accroupi derrière la carriole de tonneaux et regarda Enoch partir à grandes enjambés .
    Elle grignotait son biscuit de tout son coeur ;elle avait un peu peur ,mais au fond d'elle ,une petite voix lui disait d'avoir confiance dans le marin . Et en plus ,elle était loin de la ferme ,de Maureen et toutes ses méchancetés .Elle soupira d'aise ;
    Un chat vint la flairer et miaula . Elle lui donna une miette de son biscuit ,il le dédaigna et s'éloigna la queue en l'air .Soudain ,elle entendit des cris et des jurons .Prise de peur ,elle se glissa sous la carriole ....
    C'était deux marins qui se disputaient à cause d'une partie de carte ,ils criaient fort et s'empoignaient ,mais la ruelle était en pente vers le port et leur dispute s'éloigna de Kate .
    Maintenant ,elle avait envie de pleurer : et si Enoch ne revenait pas ?
    Elle devrait retourner à la ferme ,et là , c'est sur ,elle aura des coups de bâton ,la cave aux pommes de terre ,et rien à manger pendant des jours ! elle sanglota doucement .
    Soudain , elle entendit un pas s'approcher , il fit le tour de la carriole et s'arrêta .
    Kate ne bougeait plus , ne pleurait plus , et ... le cri du hibou s'éleva dans le silence ,une fois ,deux et trois ! Kate se glissa de sous la carriole et se retrouva devant Enoch .
    -Bravo ! lui dit le marin soulagé de la voir ,tu est maligne , j'ai eu peur quand j'ai entendu ces deux ivrognes descendre la ruelle en criant .Viens ! regarde ce que ramène , et il déplia un sac de marin en toile aussi grand que Kate .
    -Tu va te glisser là dedans ,et je pourrais t'emmener à bord sans éveiller les soupçons
    Kate essuya rapidement ses yeux et se glissa dans le sac . Enoch ferma le lien et lui dit :
    -ça va tu peux respirer ?
    -Oui répondit Kate d'une voix étouffée .
    Enoch caressa la petite fille à travers la toile rêche du sac :...c'est bien ,maintenant ,tu ne bouge plus ,plus un mot ,compris ? !
    -Oui ! oui ! répondit la petite fille .
    Enoch souleva le sac et le prit sur son épaule ,il se dirigea d'un pas pressé vers le port .
    Son navire était appareillé ,on entendait le sifflet du second qui commandait les marins , les voiles se déroulaient en claquant dans le vent et les derniers marins arrivaient en courant avec encore sur eux l'odeur de la bière et de la fumée de la taverne .
    Enoch s'engagea sur la passerelle avec son sac et un marin le bouscula en cognant dans son précieux fardeau , mais la petite ne laissa échapper aucune plainte ,elle ne bougea pas ! Enoch descendit dans l'entrepont et rejoignit sa couchette ; il avait réussi à monnayé un petit réduit qui servait à ranger les cordages ,il y avait accroché son hamac et son sac était dans un coin . Il déposa Kate sur le sol ,ouvrit le sac et l'aida à en sortir . Il mit le sac de toile dans le hamac et installa Kate dedans .
    -Dors maintenant ,je dois aller aider les autres sur le pont ,ne bouge pas . Enoch enleva sa veste et en couvrit la petite fille ,il lui caressa les cheveux et referma la porte en bois .
    Maintenant ,le pont était rempli de marins ,les uns roulaient les cordages d'amarrages et les autres s'activaient dans les voiles ,le capitaine et le second hurlaient des ordres ; quelques femmes étaient à quai et envoyaient des adieux à leurs hommes ,la passerelle fut retirée et le bateau commençât lentement à sortir du port ,bientôt il doubla la jetée , et la grande voile fut hissée . Le bateau prit de la vitesse et au bout d'un moment il fut en haute mer .Les lumières du port ressemblait à des petits lumignons , le brouillard montait de plus en plus ,bientôt on ne voyait plus au loin que la lumière du phare .
    Enoch respirait à pleins poumons l'air du large . Enfin parti ! Il se sentait heureux et en même temps inquiet
    Le capitaine avait accepté la petite ,Enoch lui avait dit que
    c'était l'enfant de sa soeur ,qu'elle était morte et que lui était son seul parent ,mais le capitaine ne voulait pas voir l'enfant sur le pont pendant le voyage .
    Bah ! trois semaines c'est supportable, il trouvera bien de quoi l' occuper .
    Maintenant ,il se rendait compte ,dans quoi il allait s'engager .
    Mais il n'avait pas peur ,il s'en sortira et la petite était courageuse .
    Et la traversée commença , éprouvante pour Kate ,habituée à être dehors par tous les temps ,enfermée dans la petite pièce ,elle étouffait ; mais heureusement , Enoch la laissait monter sur le pont le soir et elle pouvait gambader entre les gros rouleaux de cordages , Enoch lui faisait une balançoire avec une corde et la petite riait beaucoup .
    Plusieurs marins l'avait pris en affection ,et c'était à qui lui donnerait une pomme ou un biscuit ,même le second qui lui avait sculptée une petite sirène dans un bout de bois . La petite était heureuse ,elle appelait le marin tonton Enoch .
    Mais il y eut une tempête et elle fut bien malade .Le capitaine lui donna son remède miracle et le lendemain elle allait déjà mieux .Il faut dire aussi que la tempête était passée et la mer calmée
    Dans deux jours ,si Dieu le veut , nous serons à Québec ,dit Enoch un soir à Kate en tressant ses cheveux
    Il était aussi attentionné qu'une mère ,il lui lavait ses vêtements ,les rapiéçait ,l'aidait à faire sa toilette . Il prenait beaucoup de plaisir à s'occuper de la petite fille ,il aimait la voir heureuse ,gai et souriante .
    Le soir , il la prenait dans ses bras et lui racontait des histoires de géant des mers ,d'albatros et de pingouins .Kate s'endormait souvent sur son épaule et Enoch la portait et la couchait dans son hamac ;il la regardait dormir et son coeur l'aimait de plus en plus .
    Le jour tant attendu de l'arrivée au Canada était là!On voyait de loin du monde sur le quai ,le bateau approcha lentement ,les marins faisait des signes vers les femmes et les enfants et ceux ci leurs répondait
    Enoch habilla Kate ,mais celle ci avait grandie et grossie ,le repos ,l'air du large et surtout tous les petits extras des marins avait fait que Kate n'était plus une maigrichonne .
    Il se promit d'acheter tout de suite des vêtements pour elle ....elle ne rentrait plus dans ses sabots non plus !Sur le bateau ,elle courrait pieds nus !
    Il tressa ses cheveux ,rangea la petite chambre et mis leur quelques affaires dans son sac .
    La petite fille le regardait de ses yeux si bleus : elle avait peur , elle mis sa petite main dans celle du marin ,il lui dit :..n'ai pas peur ,je te lâcherais pas va !
    Ils montèrent sur le pont ,les marins étaient déjà en train de descendre à terre ,chacun y alla d'un adieu petite ,au revoir petite Kate !
    Kate avait du mal à marcher ,Enoch riait ,et lui dit :..c'est normal !tu est un vrai loup de mer maintenant ,mais ça va aller ,et ils se mirent en route sur le port .
    Enoch chercha des yeux son ami dans la foule ,mais il eut beau scruter ,il ne le vit nullipare .
    Il arpenta le quai et décida d'aller à la taverne ,dans tous les ports il y en a une ,il verra là bas !

    Kate n'avait pas assez de ses yeux pour regarder les gens , Enoch prit une ruelle et vit une enseigne :une grande paire de ciseaux se balançait au vent .
    -Viens kate ,dit il et il emmena la petite fille dans la boutique .
    Elle ne payait pas de mine mais on y trouvait de tout .Une femme encore jeune vint à leur rencontre .Enoch demanda des vêtements chaud pour la petite .La femme s'extasia sur la couleur des yeux de Kate et d'une main experte ouvrit des tiroirs .
    Elle sortit un pantalon en disant :..ici au Canada on met des pantalon ,en voulez vous un ?
    Enoch dit qu'il voulait ce qu'il fallait pour habiller une petite fille .La femme ajouta une robe en laine, un fichu ,des culottes .et demanda s'il lui fallait des bas en laine et de quelle couleur .
    Enoch n'y connaissait rien en habits de petite fille et prit tout ce qu'elle lui pressentait
    -Des chaussures ,aussi dit il !
    -Ah ! fit la femme et elle sortit d'une boite une paire de brodequins ,plus très neufs mais juste de la bonne taille des pieds de Kateb .
    Enoch lui dit :..j'aimerais que la petite soit habillé tout de suite de neuf ,c'est possible ?
    La femme prit Kate derrière son imposant comptoir et la changea.
    Sa robe était rapiécé de tout cotés avec du fil pour raccommoder les filets ,sa petite culotte n'était plus qu'une loque et des bas ,elle n'en avait pas .
    Elle habilla Kate en un tournemain ,celle ci n'osait plus bouger dans ses vêtements un peu rêches et Enoch eut un choc en la voyant :De la petite miséreuse ,c'était devenue une jolie petite fille comme les autres-
    -Elle a une sacrée cicatrice votre fille ,dit la vendeuse .
    - Ce n'est pas ma fille ,mais ma nièce ,ma soeur est morte et je m'occupe d'elle .
    La vendeuse hocha la tête et dit :Que de malheurs dans le monde ,heureusement qu'elle vous cette petite !
    Enoch ne répondit pas et paya les vêtements ,il prit la main de kate ,salua et sortit :
    il n'aimait pas trop les bavardes .
    Ils marchèrent vers la taverne et n'était pas encore arrivé qu'un homme cria de loin :
    -Enoch ! hé , ohé ! c'est moi Harald !par ici !
    Enoch s'arrêta et soupira d'aise ,son ami était là comme prévu ,mais Kate s'immobilisa et commença à tremblée .
    -Mais n'ais pas peur ,lui dit Enoch ,c'est un ami il est très gentil ,c'est lui qui a une ferme ,et sa femme aussi est très gentille ,en plus elle vient d'avoir un bébé .
    -C'est papa ! c'est la voix de mon papa !
    -Quoi ? lui dit Enoch ,tu délire Kate ,arrête ça tout de suite .
    L'homme était presque sur eux ,Enoch avança vers lui et ils se jetèrent dans les bras l'un de l'autre .
    ils riaient de plaisir et marchèrent vers Kate figée sur place .
    L'homme se pencha vers elle et lui dit :...bonjour belle enfant ,moi c'est Harald,tu en a de beaux yeux bleus ,ma petite fille avait les même que toi mais elle est loin ,et ses yeux s'embuèrent .
    -Papa ,c'est moi ,Kate !
    L'homme se releva et dit à Enoch :..que dit elle ?
    -je ne sais pas ...depuis que tu a appelé ,elle dit que tu est son père .....
    -attends !petite ,pourquoi tu dit ça ?
    -Mais c'est moi papa! moi ! Kate !
    L'homme chancela comme surprit par un coup .
    -Kate ? ma fille aussi s' appelle Kate ,et ses yeux ,les mêmes ! ce n'est pas possible !? je rêve ! et il prit la petite fille dans ses bras et la tint devant lui
    -Kate ! ma petite Kate !Mais comment ? c'est toi ? c'est bien toi ?
    Kate pleurait de joie et touchait le visage de son père ,il avait une barbe mais c'était bien son père, elle lui dit :...regarde ma jambe ,tu vois ? et d'une main elle souleva sa robe et lui montra la cicatrice ; Et lui reconnaissait maintenant sa fille ,son enfant ,qu'il avait laissé là-bas ,avec sa mère dans la lande .
    Enoch lui dit
    -c'est pas possible ! kate est ta fille ? le seigneur a voulu que je te l'amène ,la petite fille de la lande ,tu est son père !
    Et Enoch ,le marin au coeur tendre ,laissait couler ses larmes devant la joie immense de Kate et de son père .
    Le vent s'était levé et soufflait en rafales ,au Canada on était déjà presque en hiver ,des gros flocons de neige tourbillonnaient .
    Il faut partir dit Enoch à Harald Oneill ,car c'était bien lui , la neige va tomber drue !
    -Oui ,répondit Harald et la route est longue jusqu'à la ferme ,il serrait Kate contre lui ,il l'avait laissé une fois ,mais cette fois ci ,il était bien décidé à la garder pour toujours .
    Le chemin vers leur nouvelle vie pouvait commencer .
    -tu verra Kate ,lui dit son père ,c'est beau la ferme ,et tu sais tu auras une nouvelle maman ,elle s'appelle Rose et c'est une très gentille maman ,tu a aussi un petit frère ,il s'appelle François ,c'est encore un bébé ,viens ! oublie ta méchante mère ,comme moi aussi je l'ai fait et en chemin raconte moi comment tu est ici ,avec mon ami Enoch ,viens ma petite fille de la lande !
    Tout le monde s'installa dans le chariot avec des couvertures ,car le froid mordait maintenant ,et en route pour le bonheur !

    9 août 2008 FIN Elya 68

     

     

     

     

     

     

     


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  • Automne

     

    On se dit,plus tard ,demain,dans une semaine,un mois ou bien l'année prochaine ,
    Mais la vie ne nous attends pas ,elle roule ,va de l'avant ,
    Et on suit le mouvement sans se rendre compte ,
    On avance vers son destin ,
    On grandit,on fait des rêves et puis des projets ,
    On se cherche,on s'aime ,on a des enfants
    Le travail ,les soucis et l'argent !ah! l'argent
    C'est surtout lui qui pousse à la roue !
    Quand on en aura un peu plus on fera ceci,cela ....
    Et puis un jour tout cela est derrière nous .
    Les enfants sont grands ,le travail nous a dit merci ,
    Et je suis à la porte de mon automne
    Je m'aperçois que ma vie est une éternelle quête vers plus tard .
    J'ai encore des rêves et des projets ,
    Mais mon compagnon de route est devenu vieux et ronchon
    Le jeune homme et l'homme pleins de rêves a disparu
    Dans la grisaille et la routine de tous les jours
    Il brise le reste de mes illusions à peine les ai-je formulées
    :...Tu n'y pense pas !A ton age ?
    Mais Si !! j'y pense !!
    J'aimerais changer d'horizon,de routine ,
    Mais les petits enfants dont la chaleur de leur amour
    Me réchauffe jour après jour sont là !
    Comme des ancres d'attache dans le port de ma vie .
    Alors je reste là et je rêve devant les roses de mon jardin
    Et j'essuie une larme sur mon passé ....:
    Je sais ,c'est bête !On ne recommence rien ;
    : bonjour vieillesse !!

     


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  • désespoir d'ouvrier

     

    il se lève en râlant
    il ne fait pas beau temps .
    il jette son pyjama
    le déjeuner ,on n'en parle pas
    il se met sous l'eau glacée
    l'électricité est coupée !
    il ne l'a pas payée !


    il regarde sa voiture d'un air désolé,
    plus d"essence ,il s'en va à pied .
    l'usine est loin ,c'est un bout de chemin
    il regarde l'horizon ,on voit les trains
    il se traite de pauvre con
    de rester là ,le dos rond .
    .

    il l'a reçue un matin
    il la serre dans son poing
    l'usine ,les copains
    il n'y a plus de lendemain
    c'est fini plus de boulot
    le matin est là trop tôt

    il voudrait partir ,fuir ,
    mais il n'a plus de courage
    simplement de l'age ,
    mais à qui bon tout ça ?
    il reste là
    il faut en finir .

    l'eau noire du canal
    lui tend les bras
    il descend en contrebas
    et attends comme un signal
    qui n'arrive pas .

    il rentre dans l'eau doucement
    il ne sais pas nager !
    ses habits sont trempés !
    il perd pied et se laisse couler
    très lentement ...

     


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